3 | 2024Varia

Notes de la rédaction

À l’heure de l’annonce de la mise en place d’un nouveau programme de politique éducative à la vie affective et sexuelle à destination des mineur·es en France, une partie de la classe politique française, de l’extrême droite aux membres du gouvernement brandissent une nouvelle fois l’inquiétante « théorie du genre ». Dix ans après l’abandon des pourtant consensuels ABCD de l’égalité, les militant·es et universitaires queers et féministes sont de nouveau présenté·es comme des dangers, semant la confusion sexuelle et identitaire chez les enfants, figure parangon de la victime à protéger de la déviance. Dans la lignée de son projet éditorial, et plus particulièrement dans un moment de diffusion et de normalisation des discours anti-genre, le troisième numéro de la revue Psychologies, Genre et Société réaffirme l’importance d’une production de savoirs critiques et situés sur le genre et la sexualité.

 

Les articles déploient tous des analyses de formes de violence : violences sexuelles, médicales, (post)coloniales, mais aussi violences dans la construction des savoirs. La question des injustices épistémiques et des façons d’y répondre politiquement, théoriquement et méthodologiquement est ainsi au cœur de plusieurs contributions : Eloïse St-Denis l’aborde au prisme de la décrédibilisation des récits de femmes victimes de violences sexuelles à l’ère #Metoo dans l’espace médiatique, Lucas Gautier au prisme des conditions de production de la recherche en psychologie sur les groupes minoritaires par des chercheur·ses dominant·es, Armelle Nugier et ses collègues, dans une réflexion sur l’androcentrisme face aux écritures dégenrées, Mathilde Eeckhoudt dans un retour d’expérience qui plaide pour une psychanalyse située. La violence médicale est abordée à partir des violences obstétricales et leurs conséquences émotionnelles par Coraline Mercerat et ses collègues, mais aussi de la pathologisation des sexualités non reproductives par Lau Ciavetti et par Fabio Jullien. Les propositions mettent en pratique des grilles d’analyses intersectionnelles des rapports de pouvoir et plus particulièrement dans les articles de Stépheline Ginguené et ses collègues qui analysent les représentations circulant autour des femmes qui reviennent du jihad et d’Éléonore Paré qui livre une réflexion sur les conditions d’une phénoménologie féministe de la violence traumatique. Enfin, et afin d’accueillir les articles prenant pour objet les représentations dans les sphères médiatiques et culturelles, la revue ouvre une nouvelle section intitulée Analyse d’une production culturelle. Sophie Cheval y livre une analyse critique de la reproduction d’une domination masculine blanche hégémonique au sein de l’espace thérapeutique dans la série récente et à succès En thérapie.

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